Mon cours d'économie idéal
Yanis Varoufakis
par Ana Igluka
Ce court précis d'économie pratique vulgarise la science économique. Déformée par la pensée capitaliste, l'économie politique est confisquée, au fil du 20ème siècle, par un prisme résolument néo libéral. Or, Yanis Varoufakis s'adressant à sa fille Xénia, aux générations futures, décisionnaires et électeurs de demain, nous rappelle que l'économe politique est une capacité de tous.tes.
Dans ce petit livre, vous n'entendrez pas de berceuses mainstream :
«c'est comme ça et pas autrement»
«chercher le profit, c'est naturel chez l'humain»
«la sur-richesse est uniquement due à la méritocratie»
«l'économie est une science si complexe que vous ne pouvez pas comprendre»
«acceptez votre situation»
«quand on veut, on peut»
«les inégalités sont inévitables»
et tant d'autres...
Ici Varoufakis aiguise notre esprit critique, nous explique que ces berceuses sont des mythes, aussi irrationnels que les mythes religieux. Utilisant des images parfois poétiques, cinématographiques pour éclairer notre pensée, convoquant l'Histoire pour nous rappeler la naissance de l'Excédent, du Profit, de Dette et de la Société de marché, Varoufakis restaure pour chacun la capacité à penser l'économie. Alors, pour enfin parvenir à dire non à cet horizon de misère, pour refuser la pensée néo libérale impudente, il s'agit, pour Varoufakis, de bien voter. Voter pour des personnes, sérieuses et sensées, respectueuses de la dignité humaine et de notre planète.
Ce manifeste didactique fait écho à un autre petit texte. Le précieux Roi Sage, du poète et écrivain libanais Khalil Gibran : pour y voir clair ne suffirait-il pas, tout simplement, de refuser de boire à l'eau de ce puits ?
Khalil Gibran - Le roi sage
Un roi, puissant et sage à la fois, gouvernait jadis la ville de Wirani. Ses sujets le craignaient pour sa puissance et l’aimait pour sa sagesse. Au cœur de cette ville, il y avait un puits dont l’eau était fraîche et cristalline. Tous les habitants de la ville en buvaient, même le roi et ses courtisans; car il n’y avait pas là d’autre puits. Une nuit, alors que tout le monde dormait, une sorcière pénétra dans la ville et laissa tomber dans le puits sept gouttes d’un liquide étrange en disant :
«Tous ceux qui, à présent, boiront de ce puits deviendront fou.»
Le lendemain, tous les habitants de la ville, excepté le roi et son chambellan, burent de cette eau et devinrent fous, comme la sorcière l’avait prédit. Et tout le long de ce jour-là, les habitants de la ville cheminaient dans les rues étroites et sur les places de marché en chuchotant les uns aux autres :
«Le roi est fou. Notre roi et son chambellan ont perdu la raison; nous refusons d’être gouvernés par un roi fou. Il faut le détrôner.»
Ce soir-là, le roi fit remplir un gobelet doré de l’eau du puits. Et quand on le lui présenta, il y but longuement et le donna à son chambellan qui fit de même.
Grande fut la réjouissance du peuple dans la ville lointaine de Wirani : le roi et son chambellan avaient, en effet, recouvré la raison.
